Vendredi 27 juin 2025 :: Entre nous : l’intime

Carte blanche à Screening Salon 


Vendredi 27 juin 2025
 

à 20 heures

à l’Espace En Cours
 

56 rue de la Réunion, Paris 20e

M° Buzenval, Avron, A. Dumas

Le cinéaste Christian Flemm est invité à l’Espace en Cours pour présenter ses premiers et derniers films en 16 mm ainsi que des titres de sa collection privée liés à sa pratique d’enseignant et de restaurateur de films. Depuis 2023, il organise des Screening Salons mensuels à Berlin, présentant des programmes de films 16 mm issus de sa collection et invitant des artistes cinéastes à exposer leurs œuvres dans un cadre domestique. 

Détournant le cadre typique de l’environnement cinématographique, un nouvel espace souterrain émerge, fondé sur des questions d’intimité, d’informalité et d’amitié.

PROGRAMME :

FOG LINE (Larry Gottheim, 1970, 16mm, couleurs, muet, 6″ 12″)

« La brume se lève sur une scène. On ne passe pas du blanc à la clarté totale. Cela montre juste un morceau de temps, une section d’un processus dans le paysage et dans l’esprit du spectateur. L’image entière change lentement, le ciel, le sol, ce qui se trouve sur les bords. Les éléments principaux sont les trois arbres et les câbles. Les arbres sont là, manifestant leur être. Ils ont une forme douce, sans contour. Le spectateur est invité à explorer l’écran, à regarder ici et là, chaque personne suivant un chemin différent. Ceux qui pénètrent dans l’émulsion même qui compose l’image sont récompensés par la vision de chevaux fantômes, les premiers animaux de mes films ». – LG

FISHS EDDY (Esther Shatavsky, 1979, 16mm, N&B, muet, 6″)

« J’ai tourné Fishs Eddy dans mon jardin à Vestal, NY. J’avais compris comment utiliser une Bolex à ce moment-là et j’avais une idée de comment et de ce que je voulais filme. Nous avons utilisé un vieux miroir rond que j’avais acheté dans une brocante. Mon amie Debbie Feuer a fait rouler le miroir lentement d’avant en arrière, le pneu se balançant devant. J’ai adoré l’aspect du miroir, qu’on tire doucement vers l’arrière, bloquant le paysage, puisqu’on puisse le voir à nouveau. À un moment donné, Sugarbee, le chien épagneul, passe en courant ». — ES

BEDTIME STORY (Esther Shatavsky, 1981, 16mm, N&B, muet,  6″)

« J’ai déménagé à Brooklyn en 1979, et c’est là que j’ai commencé à travailler sur Bedtime Story. Par l’intermédiaire d’un ami, j’avais trouvé un emploi dans une boîte de production ; L’une de mes tâches consistait à regarder Gunsmoke en 16 mm et à m’assurer qu’il ne manquait aucune partie. C’était très ennuyeux. Je ne faisais pas vraiment attention à la trame, mais je prêtais attention à certaines images, et c’est là que j’ai trouvé les rushes pour Bedtime Story. J’ai vu cette image d’une femme dans son lit, repoussant un homme, James Arness, qui l’observait depuis le toit. Et je me suis dit : « Quelle belle image ! » Je vous laisse deviner comment je l’ai trouvée… » — ES

SIGHTREADING (Nicholas Christenson, 2022, 16mm, couleurs, muet, 2″) 

« Mon premier film 16 mm utilise des images provenant de trois sources : des mattes noires placées devant le ciel près de la maison de mes parents, tournée-montées au son d’un métronome ; mes amis buvant du vin et discutant du Bachelor dans leur appartement de Chicago ; et des détails d’une peinture de Breughel filmés à partir d’un téléviseur. Dans mon travail, je m’intéresse à la superposition simultanée d’images et de rythmes dissemblables. » — NC

YARD (Christian Flemm, 2011, 16mm, couleurs, muet, 3″) 

Une scène de la vie d’un enfant, filmée sur le site de sa maison d’enfance à Nicholasville, Kentucky. Un membre de la famille se détend au soleil d’été pendant que l’enfant essaie de comprendre sa caméra Bolex. La leçon apprise – la lumière reçue se résout en lumière partagée par le simple acte de projection.

PASSAGES (Christian Flemm, 2025, 16mm, couleurs, muet, 11″)

En octobre 2022, j’ai eu un AVC lors d’un travail dans le nord de l’Allemagne, ce qui m’a laissé confus, désorienté et mentalement vacant. PASSAGES prend comme point de départ la rééducation intellectuelle et motrice que j’ai menée à la suite de mon accident neurologique. À partir de là, un ensemble de neuf instructions guide les participants volontaires vers une tentative de franchir la barrière entre l’écran et le monde. 

WATERSMITH (Will Hindle, 1968, 16mm, couleurs, sonore, 32″)

Film faussement « calme », WATERSMITH tisse ses fils visuels isolés de plus en plus près jusqu’à ce que l’écran soit inondé de multiples dimensions, d’exigences physiques et mentales et de récompenses… pour le spectateur détendu et réceptif. 

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Christian Flemm
 est un cinéaste de l’intime, curateur et technicien de laboratoire qui vit et travaille à Berlin. Il pratique la Medium Intimacy, une approche de l’image en mouvement qui résiste aux accélérations du numérique par le biais d’images argentiques conçues pour les murs des chambres à coucher.

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Extraits de « Qu’est-ce que l’intimité ? »

« La possibilité de l’intimité repose sur une certaine modulation de la distance entre le spectateur et le sujet. Au cinéma, lorsque nous découvrons l’intimité, c’est par la proximité de la caméra avec un sujet typiquement humain.

Les formats de films soi-disant amateurs sont particulièrement bien placés pour sonder la question de l’intimité face à l’appareil numérique et social qui a rendu tout disponible à la consommation.

Le 16 mm, le format « moyen » entre les formats 8 mm et 35 mm couramment disponibles, est la mère du cinéma personnel. Il est un support de distance et de proximité. Ce qui m’intéresse, c’est de comprimer l’expérience cinématographique dans l’espace d’une petite pièce familière peuplée d’amis, de compagnons de voyage, du projecteur et de la fenêtre qu’il ouvre sur cette nouvelle région du monde qu’est le cinéma personnel.

Medium Intimacy est un cinéma d’architecture intérieure, enraciné dans l’aliénation produite par l’appareil cinématographique, un cinéma d’intention et d’engagement. C’est la redécouverte de l’intimité cinématographique sur la distance, l’économie et le mystère. C’est la composition, la ligne et la couleur sans maniérisme. Il s’agit d’un cinéma de portrait, réalisé dans les salons, qui se joue de préférence sur les murs de la cuisine. » – CF

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Entrée : participation libre

Bar sans alcool et petite restauration sur place (prévoir de la monnaie)

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Gustavo Jahn
http://www.distruktur.com/

* images : Passages (c) C. Flemm 2025